
Le 23 mars dernier, les passionnés de la belle des bois s’étaient donné rendez-vous à Labouheyre, dans les Landes, pour l’Assemblée Générale de la section locale du Club National des Bécassiers (CNB). L’occasion pour Sébastien Menaut, vice-président de la structure, de dresser un état des lieux précis des prélèvements réalisés dans le département et de livrer quelques chiffres clés, reflets fidèles de la réalité du terrain.
Des données désormais centralisées
Dans les Landes, deux outils permettent aujourd’hui aux chasseurs de déclarer leurs prélèvements : le carnet papier distribué par la Fédération Départementale des Chasseurs (FDC40), et l’application mobile ChassAdapt. Si le carnet papier reste majoritaire, il subit un net recul au profit du support numérique.
Jusqu’en 2024, les chasseurs utilisant le carnet papier pouvaient également déclarer leurs bécasses directement en ligne au moment de valider leur permis, ce qui permettait une remontée complémentaire des données. Cette procédure, désormais abandonnée, aura néanmoins facilité la transition numérique et permis un meilleur contrôle des carnets retournés. Désormais, tout carnet non rendu implique l'impossibilité d’en obtenir un nouveau : la FDC40 applique strictement la règle.
Prélèvements stables, chasseurs en baisse
Lors de la saison 2022-2023, 9 511 carnets papier ont été délivrés, auxquels s’ajoutent les comptes utilisateurs de ChassAdapt. Résultat : 24 919 bécasses déclarées, soit un taux de retour des carnets papier de 86,12 %, un chiffre significatif. Les analyses laissent penser que la plupart des carnets non retournés sont vierges. Conclusion robuste : entre 25 000 et 30 000 bécasses ont été prélevées dans les Landes cette saison-là.
Un chiffre à relativiser : seulement un tiers des chasseurs déclare avoir prélevé au moins une bécasse, ce qui signifie que les deux tiers des porteurs de carnet n’ont rien tiré. Pour les chasseurs actifs, la moyenne s’élève à 6,81 oiseaux par préleveur, ramenée à 2,26 par carnet distribué. Concernant le PMA de 30 oiseaux, seuls 1,8 % des chasseurs ont approché ce plafond.
Fait notable : 36 % des prélèvements sont réalisés le week-end, avec une légère préférence pour le samedi, jour de chasse privilégié des bécassiers.
Campagnes 2023-2024 et 2024-2025 : la continuité dans les chiffres
L’année suivante, en 2023-2024, la tendance reste similaire. 9 014 carnets papier ont été distribués (soit une baisse de 500) et 1 650 utilisateurs ont opté pour ChassAdapt. Le total déclaré s’élève à 25 499 bécasses, soit une stabilité remarquable par rapport à l’année précédente.
La répartition des prélèvements et les moyennes restent comparables : environ 2,60 oiseaux par compte numérique, 2,26 par carnet papier, et moins de 3 % des chasseurs atteignent plus de 25 oiseaux. Les trois quarts des bécassiers prélèvent moins de 10 oiseaux sur la saison.
Pour la toute dernière campagne 2024-2025, dont l’analyse complète est attendue pour le printemps-été, les premiers chiffres partiels montrent 5 214 carnets papier émis, contre 1 992 comptes ChassAdapt (en hausse de 20 % par rapport à 2023-2024). Une dynamique claire : le numérique progresse, le papier recule. 5 180 bécasses ont été déclarées via l’application, pour une moyenne identique aux carnets papier. Une transition silencieuse mais bien réelle s’opère.
Entre stabilité cynégétique et évolution des pratiques
Sur le fond, les prélèvements de bécasse dans les Landes restent constants, oscillant entre 20 000 et 30 000 oiseaux par an. Ce chiffre, bien qu’en baisse par rapport à l’estimation de 30 000 à 40 000 bécasses en 2012-2013, s’explique par une autre réalité : le nombre de chasseurs landais a chuté de 8 000 sur la même période. La pression cynégétique, loin d’augmenter, tend donc à se diluer.
Si l’on entend parfois parler d’un report de la chasse sur les oiseaux migrateurs, la tendance semble plutôt aller vers un essor de la chasse au grand gibier, en phase avec les évolutions de la faune et les nouvelles attentes du terrain.
Enfin, le carnet papier vit probablement ses dernières saisons. À l’instar de la validation du permis en ligne, le tout-numérique via ChassAdapt apparaît inévitable. Reste à réussir cette transition avec souplesse, pour ne pas désorienter les chasseurs les plus attachés à leurs habitudes.