Une apparition rarissime dans les Pyrénées

Les habitants de la vallée de Vicdessos, en Ariège, ont assisté à une scène inhabituelle : deux ibis chauves, également appelés ibis érémite, ont fait escale dans la région au cours de leur migration. Ces oiseaux, reconnaissables à leur long bec recourbé, leur tête rouge nue et leur crête hérissée, figurent parmi les espèces les plus anciennes au monde, présentes depuis plus d’un million d’années. Disparus d’Europe au XVIIᵉ siècle, ils ne réapparaissent que très rarement dans nos paysages.

Un oiseau à l’allure préhistorique

Contrairement aux autres ibis qui fréquentent les zones humides, l’ibis chauve préfère les milieux secs et ouverts où il fouille le sol pour se nourrir d’insectes, petits reptiles ou graines. Cette halte ariégeoise intervient après près de 600 kilomètres parcourus en 24 heures, un exploit qui illustre ses capacités migratoires impressionnantes.

Une espèce en reconquête grâce à un programme unique

Classé en danger sur la liste rouge de l’UICN, l’ibis chauve ne survivait plus qu’au Maroc, dans le parc national de Souss-Massa. Mais depuis une quinzaine d’années, le programme européen « Waldrappteam » œuvre à la réintroduction de l’espèce en guidant les jeunes ibis migrateurs à l’aide d’ULM.

Les oiseaux élevés à la main suivent d’abord un trajet encadré entre l’Autriche et l’Italie, puis deviennent capables de migrer seuls les années suivantes. Cette méthode spectaculaire a permis l’installation de colonies durables et le retour progressif de l’espèce dans le ciel européen.

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Des passages de plus en plus fréquents en France

Les deux individus observés en Ariège ne sont pas un cas isolé. Ces dernières années, plusieurs ibis ont été repérés en France. Fin octobre 2024, quatre oiseaux ont été vus à Arles-sur-Tech dans les Pyrénées-Orientales. Début novembre 2025, un autre individu a été observé près de Carcassonne.

Cette multiplication des observations montre que certains ibis n’hésitent plus à s’aventurer hors de leurs trajets habituels, franchissant régulièrement les Pyrénées pour rejoindre vraisemblablement leur zone d’hivernage au Maroc.

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Un signal positif pour la biodiversité

Même si la reproduction en France n’est pas encore d’actualité, la présence de ces oiseaux dans nos vallées témoigne d’un renouveau encourageant. Leur retour symbolise la réussite des efforts de conservation menés à l’échelle européenne et rappelle que des espèces disparues peuvent parfois retrouver leur place lorsque les conditions leur sont favorables.

Croiser un ibis chauve en Ariège, c’est voir passer un fragment de préhistoire, mais aussi un signe d’espoir pour la nature et ceux qui œuvrent pour sa préservation.